La médecine polyvalente en psychiatrie représente une approche de soin intégrée et holistique qui rompt avec la séparation historique entre la santé mentale et la santé physique. L'intégration de compétences en médecine polyvalente au sein des services de psychiatrie est une évolution essentielle pour améliorer la prise en charge globale des patients.

Une approche centrée sur le patient dans sa globalité

Les personnes souffrant de troubles psychiatriques présentent souvent des comorbidités somatiques importantes. Les études montrent une espérance de vie réduite et une prévalence plus élevée de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète, maladies respiratoires) dans cette population. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation :

  • L’impact des pathologies psychiatriques : Certains troubles, comme la schizophrénie, peuvent entraîner des difficultés à prendre soin de sa santé physique, une mauvaise hygiène de vie (sédentarité, tabagisme) ou une alimentation déséquilibrée.
  • Les effets secondaires des traitements : Les médicaments psychotropes, s’ils sont essentiels au traitement des troubles mentaux, peuvent avoir des effets indésirables sur le plan physique, tels que la prise de poids, des troubles métaboliques ou des problèmes cardiaques.
  • Des difficultés d’accès aux soins : La stigmatisation, le manque de ressources, ou les symptômes des troubles eux-mêmes (isolement, anxiété sociale) peuvent compliquer l’accès aux services de médecine générale.

L’introduction de la médecine polyvalente permet de répondre directement à ces enjeux en proposant une prise en charge complète du patient, sans que celui-ci ait à multiplier les interlocuteurs. L’objectif n’est pas de substituer la médecine générale, mais de l’intégrer au parcours de soins psychiatriques.

Les bénéfices concrets de cette intégration

L’intégration de la médecine polyvalente en psychiatrie offre de nombreux avantages :

  1. Un meilleur dépistage et une prévention efficace : La présence de médecins hospitaliers polyvalents (internistes/généralistes) et d’équipes formées aux problématiques somatiques permet de dépister précocement les maladies physiques, de mettre en place des programmes de prévention (sevrage tabagique, conseils diététiques) et d’assurer un suivi régulier.
  2. Une meilleure coordination des soins : Au sein d’une même structure, les équipes de psychiatrie et de soins somatiques peuvent collaborer de manière étroite. Cette coordination facilite l’ajustement des traitements, la gestion des effets secondaires médicamenteux et la mise en œuvre de protocoles de soins adaptés.
  3. Une diminution de la stigmatisation : En traitant la santé mentale et physique sur un pied d’égalité, cette approche favorise une vision moins stigmatisante des troubles psychiatriques. Le patient est considéré comme un individu complet, avec des besoins de santé à la fois psychiques et physiques.
  4. Une amélioration des résultats thérapeutiques : Une meilleure prise en charge de la santé physique a un impact positif sur l’état mental du patient. En luttant contre la douleur chronique, la fatigue ou les effets secondaires des traitements, on favorise l’adhésion au soin, la qualité de vie et les chances de rétablissement.

La médecine polyvalente en psychiatrie est plus qu’une simple organisation de services : c’est un changement de paradigme qui reconnaît l’interdépendance du corps et de l’esprit. Elle place le patient au centre d’un parcours de soins cohérent, global et respectueux de sa dignité, avec pour finalité l’amélioration de sa santé globale et de son bien-être.

Wanda Yekhlef, référente de la commission MHP en Psychiatrie

« Depuis décembre 2023, nous co-animons un groupe national (en métropole et DOM TOM) de 30 référents médecins polyvalents somaticiens régionaux avec Christophe Schmitt, président de la Conférence nationale des PCME des CHS*. Nous travaillons également avec l’ANAP* pour faire avancer ce sujet. »

*présidents de Commission Médicale d’Etablissement de Centres Hospitaliers Spécialisés https://cme-psy.fr/la-conference/

*Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux https://www.anap.fr/s/

Être médecin polyvalent en psychiatrie

Les « somaticiens en psychiatrie » ont de nombreuses missions  :

  • cliniques
  • institutionnelles
  • formation, enseignement et recherche

1. Les missions cliniques

  • Prise en charge somatique des patients hospitalisés (adultes et enfants) : évaluation clinique initiale, suivi médical pendant l’hospitalisation, préparation à la sortie (soins préventifs, curatifs et palliatifs). En complémentarité avec l’équipe médico soignante de psychiatrie
  • Mise en œuvre d’actions ciblées de prévention dans une démarche de santé publique et d’implication dans des programmes d’éducation à la santé
  • Liaison et interface avec les psychiatres et médecins spécialistes, les médecins libéraux, professionnels des structures d’aval (médico-social, soins de suite..), etc.. Interface avec les médecins des hôpitaux généraux en cas de transfert en MCO pour prise en charge somatique
  • Participation à la prise en charge des urgences médicales au sein de l’établissement, à la continuité de la permanence des soins de jour et de nuit
  • Prise en charge ambulatoire (quand les ressources humaines médicales le permettent) des patients en difficulté d’accès aux structures de droit commun : patient de la file active psychiatrie et/ou en situation de handicap psychique et/ou mental en provenance des établissements médico sociaux, personnes en situation de précarité – migrants en lien, avec les dispositifs PASS
  • Prise en charge des personnes souffrant de comorbidités addictives : repérage, prise en charge et relai avec les partenaires du territoire et l’ELSA.

2. Les missions institutionnelles

  • Contribuer à la mise en œuvre du projet de pôle/service au sein du projet d’établissement
  • S’impliquer dans les différentes commissions et sous commissions de la CME voire aux instances décisionnelles
  • Formaliser et organiser le rôle de référent somaticien par secteur
  • Participer à la certification dans les thématiques portées transversalement (audits ciblés, parcours patient, patient traceur, IQSS …)
  • Favoriser la mise en œuvre et l’évaluation des partenariats 

–> Les coopérations internes et externes (intervention dans les secteurs ; collaboration avec les médecins généralistes, spécialistes, MCO et ville ; collaboration avec les structures d’amont et d’aval : urgences, MCO, ville, ESMS, structures sociales…)

—> Les partenariats (accès à des plateaux techniques et/ou équipements externes ; organisation de l’accès à des compétences spécialisées via le GHT, CPTS, la e-santé…)

3. Les missions de formation, enseignement et recherche

  • Participer aux activités de formation et enseignement : formation initiale (ex : IFSI) et permanente
  • Tutorer les étudiants en santé, les externes et les internes au cours de leurs stages et leurs travaux de thèse
  • Participer aux travaux de recherche et de publications

Compétences requises

Solides connaissances en médecine polyvalente de l’adulte et de l’enfant : de la sémiologie clinique au diagnostic différentiel des pathologies organiques en psychiatrie, des démarches diagnostiques et thérapeutiques, à la connaissance de l’iatrogénie médicamenteuse.

Intérêt pour les conditions de construction du dialogue avec les patients : psychiatrie-santé mentale du handicap psychique et mental, autisme (sens de l’adaptabilité et sens de la communication)

Des compétences en addictologie, prise en charge de la douleur, gériatrie, pathologies de l’enfance et de l’adolescence, gynécologie médicale, échographie doppler, fibroscan, détresses vitales et principales urgences en psychiatrie sont conseillées.

En savoir plus sur l’activité de Médecine Polyvalente en Psychiatrie ?

L’enquête nationale Psy-Soma 2018

Le site d’ANP3SM (Association nationale pour la Promotion des Soins Somatiques en Santé mentale)